L’institut

En 2000, un groupe d’intellectuels et universitaires catholiques français et suisses imagine, en réponse aux appels du Pape Jean-Paul II pour la formation de la jeunesse, la création d’un institut universitaire qui aurait pour vocation de proposer à de jeunes adultes une formation anthropologique approfondie pour faire face aux défis de l’époque. L’Institut européen d’études anthropologiques, surnommé PHILANTHROPOS, du grec : philein anthropos, « Qui aime l’homme » est ainsi créé à Fribourg en 2003.

ACTUALITÉS DE PHILANTHROPOS

Les actualités nous parlent de crises. Mais, avant d’être financière, sanitaire ou politique, la crise la plus profonde de notre époque est anthropologique. Nous avons assisté à l’effondrement du progressisme et de l’humanisme athée, lesquels ont révélé leur fond destructeur à travers les guerres et les totalitarismes du XXe siècle. Aussi sommes-nous désormais acculés à des questions plus radicales que jamais. Il ne s’agit plus de se demander : « Comment promouvoir l’humain ? » mais « Pourquoi l’humain existe-t-il ? Et pourquoi doit-il continuer d’exister ? » Qu’on ne réponde pas à ces questions, et l’on risque de succomber à des tentations antihumaines : celles du transhumanisme, du fondamentalisme religieux ou de l’écologisme.

« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? »

Ces trois questions orientent la démarche de l’Institut Philanthropos. Ce sont  trois questions qu’ignore un monde de plus en plus fonctionnaliste : trop souvent, on demande aux jeunes de se spécialiser, de s’insérer très tôt comme des rouages dans une machine, de gagner leur vie, sans les inciter suffisamment à s’interroger sur le sens de la vie elle-même. On s’occupe tellement du « comment » et si peu du « pourquoi ». On devient ingénieur, trader, avocat, infirmière, etc. mais on ne sait guère ce que c’est que d’être humain.

Philanthropos veut donc proposer à des étudiants  ou à de jeunes professionnels une année de réflexion et de formation de la personne, un temps en retrait du bachotage et de la concurrence, pour qu’ils pensent à l’essentiel et viennent à la « vie active » d’une manière active vraiment, c’est-à-dire selon un agir qui fasse droit à la dignité des personnes et porte avec lui la joie d’une espérance. Ainsi le voyageur qui fait une halte pour faire le point et refaire ses forces avant de repartir d’une foulée plus ample, plus assurée, si vive qu’elle entraîne d’autres à sa suite.

 

Cette halte anthropologique propose un chemin vers le réel et la découverte d’une liberté authentique pour faire émerger la « personne » de « l’individu ». Philanthropos est un institut académique, avec une exigence intellectuelle forte, mais cette exigence se déploie au sein d’une vie commune, et doit par conséquent s’exercer, se vérifier dans les actes, au jour le jour. Par ailleurs, Philanthropos est un institut qui ne craint pas d’affirmer son caractère chrétien et catholique. Cette catholicité signifie l’ouverture la plus grande sous la lumière à la fois la plus douce et la plus crue : elle garantit que chacun est accueilli pour lui-même, dans sa différence, dans son originalité, mais elle rappelle du même coup que cette originalité n’est vraie que dans une relation à l’origine et à la finalité réelles de son existence. Ici la formation est plus qu’une simple information : elle tend à l’acquisition d’une aptitude à penser librement et elle relève d’une certaine incarnation. L’enjeu est de taille : il s’agit d’apprendre, non seulement en théorie, mais aussi en pratique, le bonheur d’être un homme ou une femme, et de découvrir que l’accumulation sans fin de l’avoir individuel ne saurait remplacer la joie d’être ensemble, dans la simplicité du repas, du débat, de la pratique des arts et de la prière.