LA LETTRE DE PHILANTHROPOS N°9 – Mai 2009

LA LETTRE DE PHILANTHROPOS

INSTITUT EUROPÉEN D’ETUDES ANTHROPOLOGIQUES

N°9 – Mai 2009

Les Grecs l’ont dit depuis longtemps. L’homme est un animal politique. Il a vocation à s’épanouir en société. La communauté humaine organisée politiquement, la cité, est une nécessité pour l’Homme. Cela est vrai aux niveaux local, régional et national, comme aussi à l’échelon des grandes régions du monde et de la planète toute entière. Lorsque Jean Monnet a conçu la Communauté européenne du charbon et de l’acier, première des communautés européennes, il a jeté les fondements économiques de ce qui devait devenir à plus long terme, par étapes patientes, une Fédération politique. Il avait un but primordial, celui de créer les conditions d’une paix durable en Europe. Il proposait un objectif clair et une méthode pour l’atteindre : des étapes à franchir, dans le cadre de règles de droit, sous la conduite d’institutions. Selon son plan, l’économie jouait un rôle crucial, générant graduellement le besoin d’ajustements politiques. Mais le passage de l’économique au politique n’était pas une loi inéluctable du marché. Il devait résulter d’une volonté orientée par un but. Ce modèle a fait ses preuves au niveau européen. Sans être exemplaire en tous points et fort éloigné encore de son achèvement, il a déjà réussi l’essentiel, rendre un conflit armé impensable entre les membres de l’Union. Un succès tel qu’il est malheureusement considéré comme acquis et qu’on en a même oublié la raison d’être principale de l’Europe. N’y a-t-il rien à tirer de cette expérience au niveau de la communauté mondiale ? Ne voit-on pas que l’économie et la finance ne peuvent être mondialisées séparément d’un projet de société politique mondiale. L’accroissement des échanges et du bien-être est un objectif légitime et nécessaire mais, dépourvu d’une boussole, il court le risque de se retourner contre l’Homme au lieu de contribuer à son épanouissement. A lui seul, il est incapable de générer les règles et les institutions nécessaires à la prise en compte adéquate du bien commun universel. Le marché ne génère pas les règles et les institutions nécessaires en l’absence d’une volonté politique correctement orientée. La crise actuelle aurait pu, et même aurait dû être l’occasion d’une réorientation profonde. Le sera-t-elle ? A voir les mesures prises jusqu’à maintenant, on peut en douter. Que faudra-t-il pour que la sagesse prévale ? La communauté politique mondiale sera-t-elle construite sans crises encore plus graves ? Espérons-le. Il ne s’agit pas, bien entendu, de remplacer les Etats, qui demeureront des instruments indispensables. Mais leurs limites ne sont que trop visibles. C’est de véritables constructeurs dont on a besoin aujourd’hui. Doués d’une vision et d’une ambition qui soient à la hauteur des aspirations de l’Homme dans toutes leurs dimensions. Celles et ceux qui auront répondu à l’appel d’ouvrir leur intelligence, leur coeur et leur esprit deviendront les germes d’une société politique mondiale orientée vers la justice. Ils s’épanouiront dans l’exercice d’une noble vocation.

Nicolas Michel, Président de l’Institut Philanthropos

 

SOMMAIRE

Edito : De l’économique au politique

Echos :
– Ecophilos : un regard de vérité sur la personne au travail
– Rencontre Ecophilos – Jeunes au Chili
– Module « Spiritualité et Management »
– Session d’anthropologie sociale chrétienne
– Journée de rencontre du 28 mars 2009

Livres à signaler :
– « Car c’est de l’homme qu’il s’agit »
– « Tout vous a été confié »

 

ECOPHILOS: un regard de vérité sur la personne humaine au travail

La Fondation Ecophilos est née en 2004, de la rencontre d’hommes et de femmes aux expériences différentes, qui ont décidé de partager – et de faire partager – leur vision de la place de la personne humaine sur son lieu de travail. Partant du constat que l’entreprise se limite trop souvent à n’être qu’une communauté qui tend à atteindre des objectifs économiques, ils souhaitent oeuvrer pour en faire aussi un lieu d’épanouissement des hommes et des femmes qui la composent. Trop souvent l’entreprise fait passer au second plan la personne, dans sa dimension individuelle ou relationnelle, pour privilégier de façon presque exclusive la rentabilité et le profit à court terme, l’homme au travail est exposé au risque de n’être plus qu’un simple moyen au service de la réalisation d’une mission, certes collective, mais dans laquelle il ne se reconnaît plus. Les fondateurs d’Ecophilos partagent une conviction qui s’inscrit dans leurs valeurs chrétiennes et spirituelles : l’épanouissement de la personne humaine ne s’oppose en rien aux intérêts économiques de l’entreprise. Il constitue bien au contraire une condition de la pérennité de l’entreprise, de sa croissance durable et de sa contribution continue au bien commun. Placer la personne humaine au centre de l’entreprise signifie non seulement reconnaître son appartenance à une communauté de destin et d’échange, mais donne à chacun la possibilité d’accéder à un certain épanouissement dans le travail. Cette approche offre également au dirigeant l’occasion de redonner un sens à son action en projetant un regard de vérité à la fois sur la personne humaine au travail dans sa globalité et sur lui-même en tant que responsable. Ecophilos est convaincue que grâce à la promotion d’une véritable « anthropologie de l’entreprise », une réflexion globale peut et doit être menée sur la place de la personne humaine dans l’entreprise, en vue de permettre à chacun de retrouver, dans le travail, une certaine cohérence globale, à la fois personnelle et opérationnelle. L’entreprise est le lieu d’une collaboration (co-laborare, travailler ensemble) entre des hommes pour créer ensemble – et dans la diversité de leurs talents – des biens destinés à la collectivité à laquelle ils appartiennent. L’homme au travail éprouve souvent une grande détresse, parce que l’entreprise accorde la priorité à sa performance et finit par considérer l’homme davantage comme une « ressource » (ne parle-t-on pas de la direction des ressources humaines ?) que comme une Le modèle classique de l’entreprise souffre aujourd’hui d’une certaine usure, perceptible notamment dans la fréquente perte de crédibilité du discours des dirigeants. Il faut donc inventer un nouveau mode de fonctionnement de l’entreprise, sans renier la nécessité de travailler ensemble dans un même but et de façon durablement profitable. Se voulant une plateforme d’échanges et de réflexion, Ecophilos travaille en réseau et organise des colloques réguliers, destinés aux dirigeants et aux futurs dirigeants des entreprises. Elle participe également aux enseignements relatifs à l’anthropologie de l’entreprise à l’Institut Philanthropos. Nous nous réjouissons tout particulièrement de la collaboration de Philanthropos et d’Ecophilos, dont les approches plus académique de l’une et plus directement pratique de l’autre ne peuvent que s’enrichir mutuellement, dans la lumière de la Doctrine sociale de l’Eglise.

Dr J René Haag, Vice-Président de Philanthropos et Co-fondateur d’Ecophilos

 

ECOPHILOS – JEUNES : Des jeunes qui y croient aussi !

Des étudiants aux chefs d’entreprises… Des études d’anthropologie ? A quoi ça va te servir ? On fait quoi avec un diplôme de Philanthropos? Voilà un peu l’interrogatoire habituel qui assaille chaque jeune qui ose consacrer une année de son cursus à l’Institut Philanthropos ! En guise de réponse, nous pourrions nous lancer dans une explication métaphysique sur la prédominance de l’ »être » face au « faire »… Cependant, rassurez-vous, la métaphysique ne nous empêche pas d’agir ! Au sein d’une société en crise qui réalise petit à petit que son salut ne se trouve pas dans l’anthropocentrisme, des jeunes qui défendent et servent la dignité de l’Homme sont précieux. En effet, à l’Institut Philanthropos nous n’avons pas attendu la crise pour nous rendre compte que le plus beau capital, c’est l’Homme ! Le monde a besoin de notre fougue et de notre audace, il nous ouvre les bras ! C’est ainsi que, pour la deuxième année consécutive, un groupe de jeunes a rejoint la pléiade de la Fondation Ecophilos ! Nous organisons, sous la houlette bienveillante de Sylvain Chareton, l’Université d’été d’Ecophilos. Pendant quelques jours, nous nous retrouvons à Bourguillon pour partager nos expériences et apprendre ensemble sur l’Homme et l’entreprise, lors des différents ateliers et conférences! Les « vieux » sages nous montrent le chemin et nous, avec notre énergie et nos étincelles, nous les encourageons à persévérer sur cette voie ! Ça c’est du sacré « win-win » !

Amérique du Sud… Des entrepreneurs chiliens, de passage à la Fondation Ecophilos à Paris et à la rencontre – Maurice, ont voulu nous montrer comment eux aussi prenaient au sérieux la question de une petite délégation est envolée pour le Chili. Nous avons participé à la rencontre « Lo Alto », un forum organisé au pied de la Cordillère des Andes par l’équipe de Denis Gallet Ecophilos). Ce fut époustouflant ! Ils nous ont appris que nous pouvions faire encore mieux : non seulement l’Homme doit être au centre de toutes nos actions, mais surtout l’Amour ! Ainsi, pendant 4 jours, nous avons vécu une répétition générale de la Civilisation de l’Amour, avant de repartir pour jouer la vraie pièce chez nous ! Des ministres aux femmes de la rue, en passant par des handicapés mentaux, des étudiants, des représentants d’ONG, des jeunes des banlieues ou des chefs d’entreprises, en tout 400 personnes se sont réunies pour ouvrir leur coeur, abattre les préjugés et construire des ponts afin de réaliser que nous sommes tous les membres d’un seul corps : la Famille Humaine. Quelle expérience et quel encouragement pour tous les philanthropes que nous sommes !

Virginie Luyet, Promo 5
Mélina Grichting, Promo 2
Jean-Marc, Virginie et David avec les organisateurs de la rencontre « Lo Alto » au Chili

 

Rejoignez-nous ! Les inscriptions sont ouvertes pour « l’ Université d’été d’Ecophilos » à Philanthropos, les 3-5 juillet 2009 : www.ecophilos.org et la rencontre « Lo Alto » à Santiago de Chili, les 18-21 mars 2010 : www.desafio.cl


Session d’anthropologie sociale chrétienne

Au cours du mois de janvier le Père Samuel Rouvillois de la communauté St Jean et Monsieur François Jusot ont donné aux étudiants une semaine de session sur l’anthropologie sociale chrétienne. Une belle occasion d’apprécier la lumière qu’apporte l’enseignement de l’Eglise sur la crise économique actuelle. L’Homme est une créature sociale voulue par Dieu pour la communion. Mais comment se positionner et agir dans une société qui ne nous tourne pas toujours vers le bien? L’Église a bien sûr réfléchi à ces questions à travers sa Doctrine sociale. Cependant, contrairement à de nombreuses opinions erronées, ce discours théologico-social n’a pas pour but de dire une politique de l’Église ou de proposer une analyse du monde contemporain mais d’éclairer les consciences des personnes pour les aider dans leurs décisions et leurs actes. Elle ne désire pas nous donner des réponses toutes faites, mais exalter notre raison pour que tout acte et toute décision soient discernés personnellement et en conscience. Pour cela, le Magistère nous donne des normes justifiées par des fondements basés sur la révélation et la loi naturelle. L’Église nous fournit ainsi un véritable regard de Sagesse. À nous maintenant de former notre raison pour agir en vérité et faire le bien dans notre monde.

Augustin Duranson, Promo 5


Module « Spiritualité et Management »

Plus qu’un enseignement magistral, le module de ce chef d’entreprise venu d’Outre-Atlantique, M. J.-Robert Ouimet, fut un témoignage de vie, le partage humble et généreux d’une expérience personnelle avec Dieu, une rencontre inattendue qui éclaira notre mois de mars. Quelle place pour la spiritualité dans le monde de l’entreprise ? Comment infuser les valeurs humaines dans ce milieu dont les principes semblent inconciliables avec la foi chrétienne ? Par quel divin et mystérieux chemin l’homme peut-il maintenir une cohérence entre ses responsabilités économiques et la Voix de Dieu dans l’intime de son coeur ? La réponse à ces questions cruciales, M. Ouimet la trouva en Inde, dans la pauvreté d’un mouroir de Calcutta. Mère Teresa lui donna en effet un rayon de lumière qui devait illuminer toute sa vie, tant personnelle que professionnelle : Tout vous a été donné, rien n’est à vous. Oui, Dieu nous a tout donné et, à notre tour, nous devons le lui rendre dans le quotidien de la vie. Certes, nous le devons, mais bien plus, nous pouvons le faire par la grâce de Dieu qui, dans son amour au-delà de tout, nous donne les moyens d’acquérir ce silence intérieur qui rend toutes choses possibles. Que le chrétien n’ait donc pas peur de s’engager dans les affaires du monde : M. Ouimet nous indique une voie à suivre pour s’y engager sans pour autant s’y compromettre. Tel est le message qui se dégagea de ces deux jours et que ce personnage original voulut nous transmettre à nous, « Philanthropotes », en quête de vérité et de sagesse pratique.

Alexia Vidot, Promo 5


Journée de rencontre du 28 mars : Evolution et création

Pour les anciens « Philanthropotes », revenir à l’Institut pour la journée annuelle et la journée des anciens, c’est toujours un grand moment de joie, de partage, et d’espérance. Joie, tout d’abord, de se retrouver entre anciens et de créer des liens avec ceux qu’on ne connaît pas (nous sommes déjà 130 à avoir vécu l’aventure !). De nombreux moments de partage ensuite avec les professeurs, les membres d’Eucharistein, les habitants des lieux et tous les nombreux amis de Philanthropos. Moment d’espérance enfin, car c’est l’occasion après notre formation à l’Institut, de nous rappeler que le Christ compte sur nous pour aller à contre-courant de la société, pour nous mettre au service de la personne humaine, même s’il faut parfois beaucoup de force et de courage. Cette année, le Professeur Dominique Lambert est venu nous rappeler de façon lumineuse que la science, la philosophie et la théologie se complètent et recherchent ensemble la Vérité sur l’origine des espèces et sur l’homme. Penser que Dieu a attendu des milliers d’années que la création soit prête à accueillir l’espèce la plus évoluée est édifiant, surtout quand on comprend que le sommet de cette création n’est autre que l’espèce la plus faible de toutes les espèces vivantes. En effet, l’homme est le seul qui naît prématurément, sans être autonome. La dignité intrinsèque de la personne humaine repose donc sur sa vulnérabilité !

Hélène et Nicolas Constantin, Promo 1

 

LIVRES À SIGNALER

Sur le thème de cette lettre d’information, nous signalons deux ouvrages de professeurs de Philanthropos parus récemment « Car c’est de l’homme qu’il s’agit »

Nicolas Buttet, Paul Dembinski, Ernesto Rossi di Montelera (Dir.) Ed. Parole et Silence 2008

Quarante ans après la constitution Gaudium et spes de Vatican II, l’AIESC (Association Internationale pour l’Enseignement Social Chrétien) choisit pour son colloque annuel un thème transversal, celui de l’enseignement social chrétien face aux défis anthropologiques contemporains. Le présent ouvrage doit beaucoup à la variété des thèmes abordés et à la richesse des contributions au colloque de septembre 2005 qui s’est tenu à l’Institut Philanthropos. L’ouvrage est structuré en trois parties : la première, intitulée « La vocation à la liberté », est consacrée à la nature humaine comme fondement de l’enseignement social chrétien. La deuxième partie, intitulée « La liberté : entre séduction et vérité », regroupe les contributions qui se penchent sur le choix et la décision qui sont le pendant de la liberté responsable. La troisième partie analyse de manière plus pointue tout un programme de « défis anthropologiques contemporains ». En pointant sur les médias, Ernesto Rossi di Montelera soulève le problème éthique inhérent à l’utilisation des images des écrans. Censurer toutes les images mauvaises contraires aux moeurs ne résoudrait en rien le problème; le travail doit se faire plus en amont, il s’agit plutôt de redéfinir « le rapport même que l’on peut entretenir avec les images». Dans une analyse particulièrement perspicace sur la maîtrise du risque de la finance moderne, Paul Dembinski démasque l’illusion dans laquelle elle est tombée. Il faut être lucide: « une société du risque zéro n’existe pas ». Loin de s’enflammer dans un discours alarmiste, l’auteur propose un double défi: « Comment ramener la finance au rôle de servante du bien commun ? Comment éviter la double catastrophe – financière et anthropologique – dont la financiarisation porte les germes ? ». Notons au passage que l’ouvrage se termine avec le témoignage de Soeur Emmanuelle du Caire. Elle nous rappelle cette vérité profonde mais ô combien exigeante: chaque être humain, qu’il soit âgé, malade, prisonnier, enfant mal aimé, est avant tout une personne à respecter, un visage à regarder, un frère à aimer.

Jean-Marc Andenmatten, Fraternité Eucharistein
Responsable de la bibliothèque de Philanthropos

(Le Père Nicolas Buttet est co-fondateur de Philanthropos et donne chaque année une session d’anthropologie relationnelle et spirituelle, Paul Dembinski est intervenu à plusieurs reprises dans le cadre de la session d’anthropologie sociale chrétienne, Ernesto Rossi a donné un module sur la personne et les médias)

 

« Tout vous a été confié »

Témoignage d’un chef d’entreprise pas comme les autres

J.-Robert Ouimet – Entretiens avec Yves Semen, Préface de Jacques Lamarre Ed. Presses de la Renaissance 2008 (Edition française à paraître oct. 2009) « Cesser d’en parler, mais faire ! »

Voilà un mot d’ordre que J.-Robert Ouimet a appliqué durant sa vie de chef d’entreprise : la Doctrine Sociale de l’Eglise ne doit pas se contenter de belles paroles, mais elle doit imprégner concrètement toute vie en société, toute vie en entreprise. Ce livre nous donne le témoignage de ce patron, marié, père de quatre enfants ; il s’est retrouvé, de par sa naissance, à la tête d’un holding financier, dont fait partie Ouimet-Cordon Bleu-Tomasso fondé il y a 75 ans par son père. Né riche et privilégié, la Parabole des Talents le travaille : Pourquoi a-t-il tant reçu, et d’autres rien ? Un sentiment de culpabilité le tourmente : Doit-il tout donner ? Cette question l’amène à Calcutta, auprès de Mère Teresa. La réponse de « Mother » ne se fait guère attendre, et va bouleverser sa vie : rien ne lui appartient, tout lui a été confié ! Il est responsable devant Dieu de faire fructifier ce qu’il a reçu selon la « hiérarchie d’Amour » divine. Il va s’agir de gérer ce patrimoine et de le faire fructifier, non seulement pour Dieu, mais également avec Dieu. Toute sa vie est retournée. Gérer avec Dieu demande de prier beaucoup. Appliquer sa « hiérarchie d’Amour » exige de redonner à sa femme et ses enfants la priorité sur son travail. La tâche de sa vie sera d’unifier son agir dans l’entreprise et sa foi au Christ Ressuscité ; il doit concilier l’épanouissement humain des personnes qu’il emploie à l’efficacité de son entreprise. L’homme doit retrouver la première place. C’est un grand défi, une aventure aux multiples croix, un périple sans fin. Il le relèvera brillamment en avançant jour après jour, et en instaurant de multiples moyens concrets. Servir plutôt que se servir, voilà le résumé de la vie de J. Robert Ouimet, qui a préféré la logique de Dieu à celle des hommes. Son expérience, rapportée dans ce livre, dans le cadre d’entretiens avec Yves Semen, est une lumière pour tous ceux qui cherchent comment mettre leur vie de travail au service des autres et du Bien Commun ; pour tous ceux qui veulent faire de leur labeur un chemin vers Dieu ; pour tous ceux qui ne veulent pas que les principes de la Doctrine Sociale de l’Eglise restent des idées abstraites. Devant un tel défi, reprenons plein d’espérance la devise de la famille Ouimet : A Dieu va !

Henri Appert, Promo 5
(J.-Robert Ouimet intervient à Philanthropos dans le cadre d’un module sur les valeurs humaines en entreprise, Yves Semen est directeur de Philanthropos et y enseigne la philosophie morale)