La LETTRE DE PHILANTHROPOS – Édition Spéciale 10 ans – n°15

La LETTRE DE PHILANTHROPOS

Édition Spéciale 10 ans – n°15

 

La preuve par 10

Une belle volée de cinquante étudiants s’est lancée dans le parcours Philanthropos en septembre dernier. C’est la dixième volée que nous accueillons. Le samedi 29 mars 2014, à l’occasion d’une Journée annuelle spéciale, l’Institut fêtera ses dix ans. Un colloque universitaire précédera la rencontre. Une pièce de théâtre composée tout exprès par Fabrice Hadjadj sera présentée. Les « anciens », qui sont maintenant plus de trois cents, auront un programme sur mesure. Davantage de détails sur le déroulement des festivités vous seront prochainement donnés par courrier et sur notre site internet. C’est avec joie et gratitude que nous mesurons le chemin parcouru. C’est aussi avec confiance que nous sommes prêts à poursuivre et à nous ouvrir aux surprises de la Providence, à qui nous devons cette si belle aventure et les promesses qu’elle recèle encore en germe. L’intuition de départ n’a cessé de se confirmer.La question sociale est aujourd’hui plus que jamais de nature anthropologique. Le concept éducatif reposant sur trois piliers équilibrés, conjuguant harmonieusement les dimensions intellectuelle, communautaire et spirituelle, et reconnaissant une place importante aux activités artistiques, a fait ses preuves. Le nombre croissant des inscriptions en fait foi. Cette année, pour la première fois, nous avons dû renoncer à accueillir des candidats qui satisfaisaient pourtant aux conditions d’admission. Les jeunes qui bénéficient tant de la formation acquise à l’Institut doivent beaucoup à un grand nombre de personnes, femmes et hommes, qui se donnent sans compter : de très généreux donateurs, les responsables de la direction, les collaborateurs, les membres du corps enseignant, les membres de la Fraternité Eucharistein, les Soeurs de Baldegg qui nous hébergent chez elles, et bien d’autres. Finalement l’heureux développement de Philanthropos tient aussi à la qualité de son insertion dans les tissus ecclésial et éducatif locaux. Le soutien de l’Evêque du lieu et la collaboration avec l’Université de Fribourg constituent des apports essentiels. A toutes et à tous : merci. Venez le 29 mars prochain vivre et célébrer une expérience si riche d’espérance. Le chemin continue. L’appel est pressant.

Nicolas Michel
Président

 

Le 2 septembre, l’Institut accueillait la 10ème promotion, composée de 20 étudiants et 30 étudiantes à plein temps, soit 50 au total (il en manque sur la photo!) auxquels se joignent quelques auditeurs libres. Avec une moyenne d’âge de 21.2 ans, les étudiants proviennent de France (34), de Suisse (11), du Canada (1), de Belgique (3) et du Portugal (1).

 

Dans les interstices

Fête des dix ans. Et d’abord pourquoi dix ? Est-ce que nous ne sacrifions pas ici à l’arbitraire du système décimal ? Les Hébreux auraient plutôt pris sept, comme les jours de la Création jusqu’au chabbat, et les Babyloniens, douze, comme les maisons du zodiaque. Il faut donc admettre que la fête aurait pu avoir lieu avant, et même a déjà eu lieu avant, comme elle aura lieu après encore… Mais aussi, pourquoi une fête ? S’agit-il de se gonfler en une auto-célébration ? Cette « philanthropophilie » ne serait-elle pas quelque peu narcissique et promotionnelle, comme en ces business school qui appliquent à elles-mêmes leurs méthodes de marketing afin de briller pour la galerie ? Bien sûr, il va y avoir ce grand colloque réunissant des intellectuels de renom, il va y avoir ces retrouvailles des anciens, ce spectacle, cette journée annuelle que nous voudrions moins retentissante que rayonnante. L’essentiel n’est pas dans ces manifestations extérieures, et l’auto-célébration, à dire vrai, nous semble tout à fait impossible, tant nous savons et sentons que nous coopérons à une oeuvre dont nous ne sommes ni la source ni la fin. Qui est derrière Philanthropos ? Certains s’imaginent une grosse tête pensante, un génie organisationnel, je ne sais quelle conjuration mystico-académique. En vérité, ce qui advient ici de plus grand, échappe à la direction. On ne sait pas comment ça se fait, comment la sauce prend, comment ces personnes mises ensemble, religieux, professeurs, collaborateurs, étudiants, bienfaiteurs de toutes sortes, chacun avec ses qualités et ses faiblesses, forment cet espace de lumière et de chaleur où il fait bon vivre. L’Esprit Saint ? Sans doute. Mais c’est donner ici une réponse qui ne fait que confirmer et même creuser le mystère. Chacun ne voit sortir de soi que son maigre ruisselet ridicule, pressé presque malgré lui, et tout près de se tarir : comment ne serait-il pas stupéfait, avec les autres, par les autres, de le voir se changer en fleuve ? Au fond, le plus important est dans ce qui se passe entre nous, dans les interstices. Les festivités le laisseront entendre, mais le cacheront aussi, de par leur éclat, bien entendu, mais aussi par pudeur, par pudeur et par incapacité. Parce que le plus important,oui, traverse ces petites attentions quotidiennes, ici, quand le maître descendu de l’estrade s’attarde à converser hors cours, là, dans un couloir où deux étudiants se reprennent avec autant de rigueur que d’affection, là encore, là surtout, au réfectoire, à la chapelle, nos deux tables communes, la naturelle et la surnaturelle, l’expansive et la recueillie, où l’amitié chaque fois se renoue de gauche à droite et de haut en bas. Telle est la fête de chaque jour, à l’Institut. Tous ceux qui arrivent en sont surpris. Tous ceux qui en repartent s’en souviennent. Et tous ceux qui restent ne peuvent que rendre grâces de ce que l’Éternel parvient à faire en rassemblant nos pauvretés. Le 2 septembre, l’Institut accueillait la 9ème promotion, composée de 20 étudiants et 30 étudiantes à plein temps, soit 50 au total (il en manque sur la photo!) auxquels se joignent quelques auditeurs libres. Avec une moyenne d’âge de 21.2 ans, les étudiants proviennent de France (34), de Suisse (11), du Canada (1), de Belgique (3) et du Portugal (1).

Fabrice Hadjadj
Directeur

 

Heidegger – Lévinas Arendt

L’enseignement, à Philanthropos, continue de se mettre à l’école de saint Thomas d’Aquin. Or, il faut le rappeler, Thomas n’a jamais fait de thomisme (ni les vrais « thomistes » non plus, d’ailleurs) Il a d’abord recherché la « vérité des choses ». Que cette vérité se trouve chez d’autres auteurs, fussentils les plus opposés, il s’empresse de la recueillir et de leur rendre hommage. Ses principes sont assez sûrs pour se faire hospitaliers. La Sagesse a dressé une table, dit l’Ecriture : Thomas invite à la sienne les Pères, bien entendu, mais aussi des philosophes grecs, juifs, arabes, ainsi que des docteurs de son temps. Sa Somme de théologie est une assomption, plus qu’un système, et le plus beau titre que lui ait donné l’Eglise, celui de « docteur commun », nous renvoie à l’amplitude catholique de son Imiter Thomas n’est donc pas se contenter de le réciter, mais, à partir de lui, aller à la rencontre des autres et assumer tout ce que leur réflexion contient de bon et de vrai. Manquer à cette rencontre, devenir un perroquet de Scolastique, ce ne serait pas seulement trahir Thomas, mais mépriser la providence divine qui, à chaque époque, suscite des penseurs admirables. Ce serait surtout s’aveugler devant le réel, s’interdire de réfléchir à des phénomènes nouveaux, comme le totalitarisme, le règne de l’efficience, la possibilité d’une destruction totale, l’anthropologie à l’ère du transhumain, etc. Voilà pourquoi nous nous tournons vers de grandes figures de la pensée contemporaine, avec des modules sur Heidegger, Hannah Arendt, Emmanuel Lévinas, et des cours s’intéressant à Günther Anders ou Hans Jonas… C’est aussi le sens de la venue de Jean-Luc Marion comme intervenant principal de notre journée annuelle, et de l’entrée de Rémi Brague dans notre comité d’honneur.

 

Fondation d’une association valaisanne des amis de l’Institut Philanthropos

L’Institut Philanthropos peut compter sur le précieux soutien d’une Association des amis forte de 400 membres. Le tiers d’entre eux habitent dans le canton du Valais. Afin de renforcer sa présence dans le pays ensoleillé du Haut-Rhône, la direction de l’Institut a souhaité créer une « Association  valaisanne des amis de l’institut européen d’études anthropologiques – Philanthropos ». L’assemblée constitutive a eu lieu à Sion, au couvent des Ursulines, le 24 mai 2013. La nouvelle association, présidée par Pierre Gauye, juriste à l’Etat du Valais, organisera régulièrement des manifestations en Valais dans l’esprit de l’Institut et permettra aux Valaisans amis de Philanthropos d’établir et d’entretenir de véritables liens amicaux. Le comité comprend en outre trois anciens étudiants de l’Institut, Virginie Luyet (vice-présidente), Vincent Lugon (secrétaire) et Isabelle Corvasce (trésorière), ainsi que quatre autres membres représentatifs des régions du Valais francophone.

 

Chant et écriture

L’autre nouveauté de cette année est l’ouverture d’un « Atelier d’invention graphique » et de « Master classes de chant » (tous deux facultatifs). Avec le premier, il s’agit de s’ouvrir à une contemplation esthétique du réel et d’accompagner les étudiants qui le désirent dans la production d’une oeuvre, poétique, littéraire, relevant des arts visuels ou même de la « performance ». Quant au chant, il est présent depuis les origines de Philanthropos, et nous reprenons volontiers à notre compte ces mots de notre cher Père le cardinal Georges Cottier : « La dimension du chant, comme adéquation de l’être aux réalités les plus haute, doit marquer l’existence chrétienne dans sa totalité. Elle doit marquer le labeur théologique ; elle doit marquer la culture et la conscience de la dignité humaine. » Les cours de chant proposés n’ont donc pas qu’un sens artistique : ils touchent avant tout à la fonction liturgique. C’est la raison pour laquelle ils portent sur la pratique du grégorien (avec Damien Poisblaud) et sur la musique sacrée ancienne (avec Cyprien Sadek).

 

Quelques visites Marquantes:

Philippe et Christel Rousseaux
Mariés, fondateurs de la compagnie Clown par Foi, ils ont respectivement présenté le solo pour clown « Rien à faire » écrit par F.Hadjadj et animé un stage de clown.

Chantal Delsol
Professeur à l’Université de Paris-Est Membre de l’Académie des Sciences morales et politiques (Institut de France), elle donnera un module sur le totalitarisme et la modernité.

Jean Claude Guillebaud
Essayiste et journaliste, il donnera une conférence publique dans le cadre du colloque sur le Transhumanisme pour le 10ème anniversaire de l’institut.

Ruedi Imbach
Professeur émérite de l’Université Paris IV-Sorbonne, Il donnera une conférence publique dans le cadre du colloque sur le Transhumanisme pour le 10ème anniversaire de l’institut.

Jean-Luc Marion
de l’Académie Française, il sera l’invité exceptionnel de la journée annuelle du 10ème anniversaire de l’institut

Rémi Brague
Professeur émérite de l’Université de Paris I Panthéon Membre de l’Institut de France, il a donné un module sur le Bien.

Jacques Besson
Docteur en médecine, membre du Sénat de l’Académie suisse des sciences médicales et Chef du Service de psychiatrie communautaire du CHUV,il a donné un module sur le psychique et le spirituel. S.E. Le Cardinal Marc Ouellet Préfet de la congrégation pour les Évêques, il a rencontré les étudiants et célébré la messe à l’institut.

 

Le Festival de théâtre proposé par la 10ème promotion se tiendra du samedi 7 au dimanche 15 juin 2014 (détails sur www.philanthropos.org).