Nous assistons, non sans stupeur, à un retour de l’antisémitisme en Europe ; et, en même temps, à un certain retour de la conquête musulmane. Les chrétiens sont dès lors à nouveau interpelés par une double menace, qui est d’abord une double tentation : celle des frères ennemis, et celle de la rivalité mimétique. Et une troisième tentation plus périlleuse encore : celle d’une confrontation sans avoir d’abord pensé ce qui est véritablement – surnaturellement – en jeu dans ce moment de l’histoire.

L’urgence actuelle ne doit pas nous pousser à la précipitation. Elle suppose en premier lieu la considération. Quel est ce mystère d’Israël, à la fois extérieur et intime à l’Église ? Quel est ce sabre de l’islam, à la fois péril et aiguillon ?

Il s’agira avant tout de penser nos racines juives, mais aussi l’irréductible altérité juive, notamment à travers la démarche talmudique, qui se distingue si fortement de celle de la théologie. Il s’agira ensuite de penser les défis que pose la présence musulmane, en saisissant mieux l’islam d’hier et d’aujourd’hui dans sa doctrine et son inséparable politique.

Le but n’est pas seulement de dialogue ni de controverse. Ce qui sera d’abord visé, c’est un effort d’anthropologie comparée (car toute idée de Dieu implique une idée de l’homme, et réciproquement), mais aussi, à travers cette comparaison, une manière de mieux ressaisir l’essence du christianisme.

Bibliographie :

Abraham Heschel, Les bâtisseurs du temps ; Martin Buber, Les récits hassidiques ; P. Bloche et Y. Berdah, Les secrets de la Torah orale, la méthodologie rabbinique au fil des siècles ; R. Brague, Sur l’islam ; A. Laurent, L’islam pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore) ; A. Candiard, Comprendre l’islam – ou plutôt pourquoi on n’y comprend rien.