Ce cours ne relève pas tant de la lectio divina, directement ordonnée à la prière, que d’une simple lectio humana, qui ouvre la Bible comme un livre. En effet, qui peut le plus ne peut pas toujours le moins : notre rapport aux Écritures, principalement liturgique, souffre hélas d’une lecture fragmentaire, utilitariste (fût-ce d’un utilitarisme spirituel), assourdie par l’habitude et la prévention, réduisant une narration paradoxale à une série de scénettes familières ou de vignettes morales. Au nom du sacré, nous traitons bien souvent le livre biblique plus cavalièrement que le moindre roman policier.

Il s’agit donc ici de lire pour de bon, d’entrer dans l’épaisseur d’un texte complet (Tobie, Jonas, Le livre des rois…), ses ironies, ses apparentes contradictions, sa construction non moins édifiante que son contenu. Celui-ci paraît de prime abord moins attrayant que telle ou telle œuvre de littérature profane, mais c’est qu’il ne cherche pas à racoler ou à séduire, exige un lecteur actif, qui est, au fond, le personnage focal, sinon central, le véritable détective de l’aventure, la belle et la bête, c’est-à-dire aussi le méchant de l’histoire, appelé à se racheter. Ce lecteur attentif découvre alors que la Bible n’est pas un ouvrage comme les autres, mais un vivant organisme, si inspiré qu’il nous donne de respirer plus largement.